Hiver 1709/1710

HIVER 1709-1710 A LA CROIX COMTESSE

 

Nous avons retrouvé, sur les registres paroissiaux, le récit du curé de Jacques GAUVRY, curé de notre paroisse qui avait relaté le terrible hiver 1709-1710 et l’année qui suivit.

Voici l’intégralité du texte qu’il n’a pas toujours été facile de déchiffrer correctement en raison du mauvais état du document.

 « C’est ici que finit cette année remplie de calamités et de misères, cette année funeste, cette année qui doit être fameuse à la postérité et dont les incidents fâcheux se feront ressentir dans les siècles à venir qui feront l’entretien des pères avec leurs enfants et que les enfants apprendront à leur nepveux. Cette année avait eu pour précurseur une abondance de neige qui était tombée dès le vingt huitième octobre…de hauteur du pied qui dura deux jours, ce qui surprit tout le monde et surtout les vieillards de plus de quatre vingt ans qui n’avaient jamais vu neiger si abondamment en cette saison et ce fut de bien mauvaise augure pour tout le monde. En effet, le sixième de janvier de l’année suivante qu’on remarquera être…il se leva un froid extraordinaire qui fut suivit de neige dont il tomba une si grande quantité…le neuf, le dix, le vingt, qu’elle…sur la terre mais surtout la nuit….vend du Nord qui poussa la neige dans les lieux bas, en fit des montagnes…impossible de se transporter d’un lieu à un autre que de s’exposer à une perte manifeste, les abîmes étaient…et plusieurs virent la fin de leurs vies et le froid agit avec autant de violence que presque tous les noyers se sont trouvés gelés, des noyers et des chênes d’une grosseur prodigieuse et que plusieurs siècles avaient respecté. Les vignes, les oliviers, les châtaigniers et ensuite les froments, les seigles, les étuves eurent une même disgrâce et en peu de temps après tous les grains enchérirent si prodigieusement que le froment s’est vendu douze livres, la mouture six livres. On a donc été obligé d’ensemencer la terre jusqu’à trois fois puisque les baillarges qu’ont avait fait immédiatement après le premier dégel qui suivit la mi-février gelèrent encore et au mois de juin les orges, baillarges et froment qui étaient en petite quantité furent presque tours gâchés par un vent de mer si brûlant et si impétueux que les haies et les arbres, les…furent renversés ou paraissaient avoir passé par le feu. Les jeunes vignes qui avaient leurs ceps enfoncés dans la terre et qui n’avaient pas été gelés avaient leurs sarments en ces temps-là en fleurs. Ce vent brûla si bien qu’elles n’ont produit que peu, ce peu a fait un mauvais vin si bien que nous pouvons dire de cette année que ce que la neige a sauvé la gelée l’a perdu et que ce qui a été sauvé de la gelée a été gâté par les vents – ignis grando nix glacis sprictus grocellarim – ont varié – ligna fructira et omnes cedri – les oiseaux…les bêtes à quatre pieds n’ayant resté que très peu de gibier, très peu de perdrix et très peu de lièvres, tout cela joint ensemble nous fait cette année remplie de misères…qui ne finissent avec elle puisque…continue avec les suivantes… »

 

                                                                     J. GAUVRY, curé de la Croix